Je veux te dire autre chose: par exemple quand nous allions à l’école,nous descendions ici dans cette rue,il n’y en avait pas de goudron,c’était tout en terre battue,les rues n’étaient pas goudronnées.Quand tu vois arriver un estivant l’été ou un touriste comme tu dis comme on dit je les regardais, il semblait être un extraterrestre avec leurs appareils à photo,leurs bicyclettes,leurs sac à dos,leurs sacs sur le dos,ils descendaient s’installer en bas.À l’époque il y avait déjà beaucoup de touristes,il y avait des touristes donc ?Oui oui pleins de touristes,je me souviens dans les années quarante,je peux te montrer une photo où nous allions pieds nus à l’école,quelques-uns de Porto-Vecchio,en plein hiver,les touristes venaient toujours,les touristes commençaient à arriver au printemps,pas à l’automne au printemps,ils arrivaient au printemps.Au mois de mars ils commençaient à arriver,évidemment il n’y avait de touristes comme ceux qui viennent maintenant.Qui arrivait en bicyclette,celui qui arrivait en moto était riche hein,les voitures tu n’en voyais pas mais il y en avait déjà,et des campings où tu mets les tentes il n’y en avait pas,tout était sauvage dans le port que tu vois où il y a le port désormais,là c’était une grande plage.Ils arrivaient,ils plantaient leurs tentes dans la pinède,ensuite ils allaient dans les maisonsQui avait un jardin vendait les melons,l’autre vendait des tomates,un autre vendait des oignons,le poireau ce que tu dis,ce n’était pas,c’était bien avant.Et s’organisaient des marchés ici avec tous ces aliments ?Oui ici pleins de marchés.Ici il y avait le marché.La ville bougeait,le village n’était pas dépeuplé comme maintenant.Maintenant il est dépeuplé,maintenant tout le monde va dans ces grandes surfaces,dans ces supermarchés,dans ces supers U,dans ces ce que tu veux.Avant il y avait un petit commerçant,il travaillait,dans le village tu voulais un clou tu allais il y avait un clou,tu voulais acheter du pain,ici il y avait huit boucheries,huit boucheries à Porto-Vecchio,maintenant tu n’en trouves même pas une,tu en trouves une un Cucchi installé là bas au « tavonu » « trou » car ça s’appelait « u tavonu » « le trou » avant,il y en avait huit.Les bars étaient pleins,les commerces étaient pleins,le soir nous nous promenions,nous montions avant de manger,nous arrivions du travail,on avait faim,ensuite nous nous promenions sur la place de l’église jusqu’à huit heures neuf heures et ensuite nous descendions manger et ensuite le soir nous remontions jusqu’à onze heures,il y avait plein de jeunes,maintenant il n’y a plus personne.Donc que faisait-on ?Toi par exemple qu’à tu fais,tu as fait le liège ?Non moi j’ai fait plus que le liège.Et ensuite ?Moi j’ai fait plus que le liège.La pêche alors ?Oui je vais t’expliquer : j’ai fait,j’ai commencé par aller arracher les joncs et ensuite j’ai fait le liège.Ensuite j’ai fait la pêche.Alors raconte moi la pêche un peu.Alors la pêche pourquoi,avec un qui est mort le pauvre,avec Michel Ciocca.Et le jour nous partions pêcher,nous partions le soir à cinq heures sur une petite barque,qu’il y ait tempête ou pas tempête nous partions quand même.Nous allions,d’ici nous allions pêcher à l’île des Cerbicales,nous partions à cinq heures,nous arrivions sur les lieux de pêchevers sept huit heures,nous calions les premiers filets.Ensuite nous allions à terre,nous dormions sur la barque.À deux heures du matin nous nous levions,nous tirions les premiers filets que nous avions posés,nous enlevions le poisson des filets,nous les mettions dans les corbeilles,nous nettoyions les filets,nous recalions également à trois heures quatre heures du matinet nous tirions,nous levions l’ancre car on dit lever l’ancre,et nous levions l’encre vers cinq heures cinq heures et demi et en rentrant au port nous enlevions le poisson,nous enlevions le poisson des filets,et ensuite nous montions le vendre sur la place de l’église,nous vendions le poisson et après nous descendions et nettoyions le bateau,nous dormions un peu l’après-midi quand nous avions fini et nous repartions le soir sur de petites barques.Il n’y avait pas tous ces bateaux de pêche qu’il y a maintenant,ces chalutiers qui ruinent tout le fond et tout, c’est pour cela que tu ne trouves plus rien.Pourquoi le poisson est cher ?Le poisson est cher pourquoi ?Car ils raclent tout avec leur chalutiers,ils raclent tout alors tu en prends moins,automatiquement ils le vendent plus cher.Et avant tu achetais,tu voulais acheter un kilo de rougets tu le payais vingt francs,dix francs,maintenant ça coûte je ne sais combien hein !Ça coûte trente ou quarante euros !Tu achetais une langouste avant avec cinq mille francs tu l’avais,cinquante francs si tu préfères,tu avais un kilo de langoustes.Cela coûte cent euro le kilo de langoustes regarde la différence qu’il y a mais pourquoi ?Car tu n’en trouves plus des langoustes.Moi je me souviens,j’étais jeune,je pêchais,je faisais aussi,je plongeais comme tous les enfants car j’en ai fait après j’en ai fait mon métier, je suis maître nageur,j’en ai fait mon métier après hein.Je plongeais,je voyais à cinq ou six mètres avec le arpon,avec la fourche,il y avait des langoustes à cinq ou six mètres.Maintenant les langoustes sont à trente et quarante mètres.Nous prenions les chapons,« u caponu », pour ceux qui ne comprennent pas, veut dire en français le chapon hein,nous le pêchions à trois quatre mètres, maintenant il faut descendre à trente mètres pour prendre un chapon,tu n’en prends plus.Une dorade ou un pageot c’est la même chose il faut descendre à trente mètres,tu n’en trouves plus à cinq ou six mètres parce-que la pêche actuelle qu’il y a eu ici,ils ont ruiné tous les fonds,il n’y a plus de fond,tout est raclé.Justement tu peux me dire,moi je ne les connais pas,ceux que tu connais,les différents noms de poissons,dis moi comment dit-on en français et la correspondance en corse ?En corse et bien je vais t’expliquer.Alors nous allons commencer par le « caponu » c’est le chapon.La « scobina » c’est la rascasse.La « durata » c’est la dorade.Le “san petru” c’est le saint pierre.Tu as compris?Oui.Ensuite le « paragu » c’est le pageot.La « triglia » c’est le rouget.La « ligusta » c’est la langouste.En français on dit l’araignée de mer,la « zicca » c’est l’araignée voilà.Et beaucoup de variété de poissons voilà.Et ensuite il y a le « mudaru » c’est le mulet.Le « mùzaru » c’est le mulet.Poisson de roche c’est le « pesciu di scoddu », tu utilises la girelle que tu utilises pour faire les soupes,pour mélanger voilà.Voilà.« Le calamar » par exemple ?« U calamaru » le calamar et la seiche.Le poulpe c’est le « pulpu ».La seiche « sippia ».Et « les crabes » ?Le granciu,le granciu voilà.Bon ensuite moi je ne sais pas mais c’est à peu près.Voilà tu vois à peu près.Et la vie ce n’était pas la vie qu’il y a aujourd’hui.Et les anciens allaient travailler.Moi ma grand-mère descendait pêcher les coques.Alors que sont ces « calcineddi » ?Les « calcineddi » c’est les coques,Alors qui se trouvent où ?les coquillages.On les trouve quand tu grattes, au bord de mer,tu les vois quand l’étang est bas il y a trois quatre petits trous tu as vu.Sur les rochers ?Non non dans le sable.Dans le sable,à la main.Cela se faisait donc avec les mains.Elle les ramassait avec les mains,elle les prenait avec les mains.Il y en a eu après qui sont arrivés,ils ont fait des espèces de palettes,et on les tire les clovis les coques,les clovis ce sont les « arzeddi »,les clovis s’appellent « arzeddi »,les coques ce sont les « calcineddi » et ma grand-mère les vendait aux touristes.Elle les vendait.Elle les prenait avec les mains ?Elle les ramassait avec les mains.Avec les mains et où les mettait-elle ?Elle avait un petit sac là,elle avait le genou dans l’eau jusqu’ici.De petits sacs fait en quelle matière ?En toile,un petit sac en toile,elle le serrait ici avec son tablier car les anciens n’étaient pas grands avant.Elle était dans l’eau,elle était dans l’eau du matin au soir,en hiver,dans l’étang là bas à Saint Cyprien de partout,elle se mettait son petit sac ici, elle se mettait à genoux et elle cherchait et elle en prenait elle en prenait.Elle partait l’après-midi,le matin vers dix heures,elle arrivait le soir à pied,elle descendait de Porto-Vecchio à Trinité à pied dans le golfe de Sognu car ce n’était pas le golfe de Sognu de maintenant,c’était des étangs.Elle descendait à l’étang de Saint Cyprien ou au Benedettu et elle pêchait les clovis et après elle les vendait,elle les vendait sur la place de l’église ou elle se mettait à la maison avec son … dans la rue Borgo les gens venaient,les notables.C’était toujours sur la placeVoilàou alors un peu dans la rue ?ou un peu dans la rueSurtout sur la place ?Sur la placeEt les notables venaient,les notables venaient et disaient un kilo de clovis,un kilo de coques et ça coûtait un franc et trente le kilo.Et un franc et soixante ou deux francs les clovis car c’est meilleur voilà.Et ils les faisaient avec le riz ou ils les faisaient frire avec un peu d’ail.Et nous avons été élevés ainsi,tout le monde.Après on montait ramasser les châtaignes.