Alors comment s’organisait la vie auparavant à Porto-Vecchio quand tu étais enfant?Et bien la vie quand j’étais enfant,nous étions enfants,nous allions aider les grands et à qui était dans les champs pour couper le blé,l’autre coupait le foin.Il y en avait qui faisaient le charbon,ils étaient charbonniers.À qui allait couper les bois.À qui vendait-on le charbon par exemple ?Où se vendait le charbon ?Oui à qui le vendait-on ?Et bien on le vendait aux personnes qui avaient des fours parce-que avant ils faisaient à manger,il n’y avait pas de gaz.Ils faisaient le manger avec les tisons,avec les tisons, le bois comme charbon.À qui fait le charbon.Il servait à chauffer,à chauffer avec des espèces de poêles à charbon qu’ils mettaient à l’intérieur et il y avait beaucoup de charbonniers.Aujourd’hui il n’y a plus de charbonnier,il n’y a plus rien,on ne vit plus on ne vit plus comme avant tu comprends.Et puis avant la vie n’était pas si difficile.Elle était difficile d’un côté mais elle était facile de l’autre parce-que tu allais chez une famille,cette famille t’aidait,tu avais besoin de quelque chose elle t’aidait.Il n’y avait pas de vice comme il y a maintenant,maintenant il y a trop de vice,chacun se méfie.On s'épie beaucoup,avant on ne s'épiait pas autant,c'était rare hein.Maintenant l’argent a fait perdre l’amitié,il a tout fait perdre.Moi je me souviens ici dans la rue Borgo où tu vois tous ces restaurants qui mangent,tous ces vagabonds qui arrivent,avant il n’y avait tous ces vagabonds hein.C’étaient toutes des personnes qui vivaient ici.Moi j’avais la maison maternelle et paternelle car nous vivions ici, comme ton père la même chose ici, et dans la rue était pleine de vie,hiver comme été.Et il y avait dans cette rue justement,auparavant il y avait des animaux ici dans le centre au pied de la maison quelque chose comme ça ?Oui il y avait des animaux,là derrière là derrière où tu montes sur la place de la mairie, pour aller de la mairie à ici dans un certain bastion,ici il y avait un pressoir.Il y avait une étable,il y avait les mulets.Sous Napoléon III c’était une ancienne caserne,une maison, une militaire, ensuite il y a eu des gens,ils ont logé les gens. Et bien ici il y avait les étables,il y avait les mulets et il y avait un pressoir.Les gens portaient leurs..,ils allaient cueillir les olives,ils ramassaient les olives, ensuite ils les emmenaient ici et ils les pressaient.Durant quelle période allait-on ramasser les olives ?Ils allaient au ramassage des olives,quand il y avait les olives,presque au printemps quelque chose comme ça.Toi tu y allais ?Oui j’ai été ramassé les olives mais pas souvent.Moi j’allais pêcher,j’avais quatorze ans,à l’école je n’y suis presque pas allé,j’allais à la pêche,j’allais pêcher.L’été j’allais arracher le jonc,en français on l’appelle le jonc qui sert à faire les nasses pour prendre les langoustes.Nous étions nombreux à Porto-Vecchio : il y avait le pauvre Mathieu Botti,il y avait beaucoup de jeunes,nous n’avions pas de quoi manger.Nous allions arracher le jonc au Stabiacciu au pont du Stabiacciu.Et à quoi servait le jonc ?Il servait à faire les nasses à langoustes,pour prendre la langouste,c’était fait en jonc.Comment dit-on « langouste » en corse ?« A ligusta » la langouste voilà.Et il nous servait à faire les nasses,ils nous l’achetaient trois centimes le jonc,maintenant ils font des paquets de cinquante,de cent joncs.Ensuite nous les mettions à sécher et quand il était sec ils étaient tous secs nous les vendions voilà.Ensuite il y avait le liège,nous allions démascler le liège,alors il y avait les équipes,les anciens qui avaient déjà l’habitude de démascler « scurzà »hein, car on peut le dire,on ne dit pas « scurzà démascler on dit« livà » démascler.Alors nous nous regardions comment ils démasclaient,ensuite nous charrions le liège,…………….et nous descendions avec les fagots de liège sur le cou mais cela c’était l’été.L’hiver je te dis le travail c’était…il y avait le battage du blé aussi.Alors pour revenir au liège,au niveau de liège on allait sur les terrains des gens ainsi ?Oui on allait sur les terrains des gens mais par exemple toi tu avais une propriété,tu avais admettons tu avais admettons cent lièges à démascler alors le patron te prenait,te payait à la journée,moi je me rappelle je gagnais vingt francs par jour pour charrier.Ils te payaient en argent pas en change ?En argent non nonils te payaient en argent et pour charrier je gagnais vingt francs par jour.Je commençais le matin tôt car il fait chaud en juillet tu m’as compris en août hein.Et comment faisait-on pour l’enlever ?Et bien pour l’enlever d’abord nous démaquisions,ils démaquisaient et ensuite avec la petite hache ils frappaient ainsi,ils donnaient un coup ensuite avec les mains avec la petite hache on enlevait sans écorcher sans écorcher le liège.Quand tu l’écorches le liège peut perdre son jus et il y en a plus.Le liège il y a trois qualités : le premier qu’ils appellent le « champagne »,la première qualité.Comment s’appelle t-il en corse ?Le « champagne » ils l’appellent,ils disent « champagne »,c’est le premier.Ensuite il y a le second qui est à moitié bon pas bon et ensuite la troisième c’est le « catarscionu » le rebut : voilà les restes,les petits morceaux.Ceci est la première chose.Ensuite il y avait beaucoup de chose aussi : nous allions faire le jardin.Ensuite le liège à qui le vendait-on ?Ensuite le liège je vais t’expliquer.Ici au port ?Non non nous faisions des tasnous faisions des tas de liège.Il y avait des gens qui le triaient, ils l’écartaientle rebut celui qui n’était pas bon servait également à faire des bouchons et d’autres servaient pour faire les bouchons de champagne,le bon vin.Et il y avait une usine qui s’appelait usine à Alessandri di Mansuettu,ils employaient,il y avait presque deux cinquante personnes qui travaillaient dans cette usine ci qui est fermée et ils faisaient des bouchons.Ensuite cette usine fermée,ils envoyaient le liège en Sardaigne et ils faisaient les bouchons là bas,mais après le plastique est arrivé, le plastique est arrivéil n’y a plus eu de démasclage de liège et maintenant ce sont les sardes qui viennent démascler le liège hein ils viennent de la Sardaigne,ils l’enlèvent et ils se l’emmènent là bas voilà.Avant je te dis il y avait beaucoup de travail.Evidemment il n’y avait pas ce qu’il y a maintenant,cela est compréhensible mais l’évolution des choses avec les gens qui sont sans travail combien il y en a par rapport à cela.Alors qu’avant on travaillait,il y avait toujours de travail,il y avait toujours quelque chose à faire,il y avait toujours.Ensuite moi j’ai travaillé,je travaillais dans une station service chez Culioli et je gonflais les pneus,je faisais les vidanges des voitures.J’ai fait beaucoup de travaux comme tous les jeunes,ils n’étaient pas riches,les familles n’étaient pas riches,il y avait beaucoup de familles nombreuses qui avaient huit,neuf,dix enfants.Donc les grands travaillaient.Comme quand avant en 14-18 il y a eu la guerre, que la France s’est pris tous les jeunes, que les femmes étaient obligées d’aller dans les champs pour travailler,pour couper le foin,pour couper le blé tu comprends voilà.Et ceci ne se voit plus maintenant bien sur mais quand il y a des choses comme ça il y a beaucoup d’amitié tu as compris.Le soir je me souviens nous sortions,s’il y avait quelque chose qui me plaisait pas à manger à la maison,j’allais manger dans la maison de mon ami,sa mère descendait et disait « viens manger à la maison ».Le café au lait tous les jours à quatre heures un coup il venait lui chez moi et moi j’allais chez lui voilà.Ce n’était pas la même vie avant.La vie n’était pas la même.C’est pour cela qu’il n’y avait pas tant de méchanceté.Bon ils ont toujours existé quelques..,cela est humain,il y a toujours quelque chose,c’est l’homme,il y a toujours qui va…mais pas comme maintenant hein.